Place de la République (Caen)

France / Basse-Normandie / Caen
 parc, jardin, place

La place de la République de Caen, à l'origine baptisée place Royale, est un espace public aujourd'hui au cœur du centre ville ancien de Caen, créé au XVIIe siècle dans un nouveau quartier aux marges de la cité. Bien que bombardée en partie pendant la bataille de Caen, cette ancienne place royale est un bon exemple de l'urbanisme à l'époque classique.
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Coordonnées :   49°10'52"N   -0°21'49"E

Commentaires

  • Quand la ville de Caen prit son essor au 11e, elle fut close de murs afin de la défendre des agressions étrangères. Bourg-le-Roi fut protégé par un rempart sous le règne de Guillaume le Conquérant et le quartier Saint-Jean sous le règne de son fils, Robert Courte-Heuse ; ces deux enceintes délimitaient deux ensembles dont le point de contact se faisait sur l’espace compris entre le Pont Saint-Pierre, protégé par le Châtelet, et la Tour Leroy. Bourg-l’Abbé et Bourg-l’Abbesse furent quant à eux fortifiés pendant la guerre de Cent Ans. Jusqu’au 17e, l’urbanisation s’organisa à l’intérieur de ces limites défensives. Mais au 17e, la croissance démographique et l’essor économique que connut la ville sous le règne personnel de Louis XIV obligèrent la cité à repousser ses frontières. La pression démographique contraignit la ville à investir les Petits Prés, prairie délimitée au nord par le cours du Grand Odon , au sud et à l’ouest par celui de la Noë et à l’est par la courtine construite à partir de 1590 pour relier la Porte Saint-Etienne et l’Île de la Cercle, appelée également le Champ de foire . Cette prairie était alors divisée par la chaussée Saint-Jacques allant du Pont Notre-Dame au Pont Saint-Jacques (côté est de la place actuelle) ; on trouvait à l’est de cette voie le Pré Saint-Pierre, nommé ainsi parce qu’il appartenait en grande partie aux prêtres de cette église, et à l’ouest le Pré aux Ebats. Entre 1609 et 1603, la ville abattit des maisons pour transformer en rue une simple venelle servant à conduire les chevaux à l’abreuvoir sur le grand Odon ; cette voie fut appelée rue de la Boucherie (actuelle rue de Strasbourg). En 1626, on construisit un pont sur l’Odon au bout de la rue des Jésuites (actuelle rue Saint-Laurent) ; une des lucarnes de la façade intérieure de la maison située à l’angle des rues Jean-Eudes et Saint-Laurent porte la date de 1624, ce qui est fait sans doute une des plus anciennes adresses du quartier. Cette demeure fut occupée à partir de 1643 par le Père Jean-Eudes qui en fit le siège de sa mission. En 1635-1637, la ville lança une importante opération d’urbanisme consistant à aménager une grande place carrée entourée de maisons construites en pierre de taille sur un alignement déterminé. Cet espace avait l’avantage de combler le vide entre le quartier Saint-Sauveur et le quartier Saint-Jean en offrant par la même occasion une nouvelle voie de circulation pour désengorger le Pont Saint-Pierre. L’espace public ainsi formé fut appelé Place de la Chaussée, en référence à la voie qui la traversait à l’ouest. Entre 1640 et 1680, les maisons s’élevèrent lentement sur les côtés est, nord et sud de la place ; il s’agissait surtout d’hôtels particuliers comme celui construit par Gaspard Daumesnil dans l’angle sud-ouest de la place. Afin de clore définitivement la place, son côté ouest fut attribué à Jean-Eudes en 1658 ; une église, consacrée aux Très Saints Cœurs de Jésus et Marie, fut construite entre 1664 et 1683 et le séminaire des Eudistes fut érigé entre 1691 et 1703. Non loin de la place, sur l’ancien Prés des Ébats, les Jésuites firent construire l’église Sainte-Catherine-des-Arts, l’actuelle Notre-Dame-de-la-Gloriette, entre 1684 et 1689. Vers la même époque, les prêtres de Saint-Pierre donnèrent également en concession les terrains leur appartenant pour lotir les rues du Moulin, de la Fontaine et des Quatre-Vents (rue Pierre-Aimé Lair depuis 1907).
  • En 1679, la grande place prit officiellement le nom de Place Royale et, en 1685, fut ornée d’une statue de Louis XIV. En 1740, elle fut entourée de grilles, plantée de tilleuls et semée de gazon ; et en 1767-1768, les rues entourant la place et les allées la traversant furent pavées. La place était une des adresses les plus prisée des notables . Afin d’assurer la tranquillité de ces derniers, un garde municipal était chargé de déloger les « fainéants, vagabonds et décrotteurs », ce qui n’était pas sans attiser les crispations sociales. La place fut ainsi le théâtre d’une des plus violentes émeutes de l’Ancien Régime à Caen En 1725, le prix du blé ayant triplé en quelques mois, la disette s’installa et des altercations éclatèrent au Tripot (halle au blé, située au 50 rue Saint-Pierre) ; les émeutiers investirent la place Royale et prirent alors pour cible l’Hôtel de Plébois de la Garenne , riche négociant et fermier général de l’abbaye aux Hommes, et l’hôtel de Gosselin de Noyers, lieutenant de police. Du fait de sa taille importante au cœur d’une ville densément peuplé, la place était aussi un lieu de prédilection pour la célébration des cérémonies publiques. Les militaires pouvaient y parader et elle était intégrée dans les cortèges et processions qui sillonnaient régulièrement la cité. Elle était aussi régulièrement occupée par des spectacles forains et on y tirait des feux d’artifice. Lors de ces réjouissances, la concentration de la foule sur la place était si importante que le moindre accident avait des issues dramatiques : 6 morts et 80 blessés furent ainsi décomptés suite à un mouvement de panique provoqué par l’incendie du pas de tir d’un feu d’artifice.
Cet article a été modifié il y a 13 ans