Palais de Justice (Caen)

France / Basse-Normandie / Caen / Place Fontette, 8
 tribunal, lieu touristique, intéressant, Monument classé

Les tribunaux, construits entre 1781 et 1866, sont aujourd'hui en très mauvais état.

Parties protégées – Façades et toitures de l’ensemble des bâtiments, péristyle, vestibule, les deux escaliers de la Cour d’Appel, salle d’audience dite « Salle des Abeilles » avec son décor
Protection – ISMH, 16/04/1975
Propriétaire – Mairie de Caen
Villes proches:
Coordonnées :   49°10'57"N   -0°22'14"E

Commentaires

  • Avant l'aménagement de la place Fontette et de la rue Saint-Benoît (rue Guillaume le Conquérant) à la fin des années 1750, la place Saint-Sauveur se finissait en cul-de-sac appelé "le coignet aux brebis". Après la révocation de l'Edit de Nantes en 1685, les huguenots devaient être inhumés nuitamment dans des lieux secrets notamment dans des jardins privés ; ce fut le cas du terrain du sieur Bacon de Brécourt qui est en grande partie occupé aujourd'hui par les tribunaux. La construction du Palais de Justice est une des pièves maîtresse dans les grands travaux d'embellissement de la ville menés par l'intendant Fontette au 18e. Les tribunaux sont construits à la place des anciennes fortifications ; sur la Tour Chastimoine, on bâtit la prison municipale qui fut démolie en 1906 pour permettre le prolongement de la rue Bertauld vers la rue Saint-Manvieu. Le Palais de Justice de Caen, avec sa façade gréco-romaine, est l'un des premiers d'une longue série de tribunaux construits à la fin du 18e et à la fin du 19e. Il s'inscrit ainsi dans la typologie établie par Robert Jacob : alors que la maison de justice médiévale est conçue sur deux niveaux (le carcéral au bas étage, le judiciaire à l'étage noble) et qu'elle s'insère facilement dans le tissu urbain, le palais de justice qui apparait au 16e et s'épanouit à l'âge classique cherche d'une part à séparer la prison des lieux de jugement, d'autre part à se doter d'une image de majesté et d'équilibre par ses dimensions imposantes, sa symétrie et son plan. A partir de 1798, le conseil des bâtiments civils a imposé la généralisation du modèle classique dont le Palais de Justice de Caen peut passer pour un précurseur. Le Palais de Justice a été construit à partir de 1781 par Armand Lefebvre, ingénieur des Ponts et Chaussées. Le bâtiment, construit sur un plan hexagonal, s'ouvre sur la place par un vestibule néo-classique porté par dix colonnes monumentales d'ordre ionique. A la veille de la Révolution, seuls la prison, le bailliage et la cour Royale étaient achevés. Les travaux reprirent en 1809 sous la direction de l'architecte départemental Jean-Baptiste Harou-Romain, mais ne furent terminés que sous la Monarchie de Juillet. La grande salle des audiences est l'œuvre de l’architecte Léon Marcotte en 1866. Seule la Cour d'Appel a conservé la plus grande partie de ses dispositions anciennes et de ses décors, les locaux du Tribunal de Grande Instance ayant été largement modifiés au cours du 20e. Un nouveau palais de justice a été construit sur la place Gambetta en 1996 afin de loger Cour d’Appel, la Cour d'Assises, le Conseil des Prud’hommes et le Tribunal du Commerce ; le Tribunal de Grande Instance est resté. Le bâtiment nécessite une opération de restructuration lourde (défaut de solidité des planchers sur environ 50 % des surfaces du bâtiment et fragilisation des façades). Une importante restructuration du site est donc en projet.
  • Ce palais de justice, et ceux construits de la fin du XVIIIe à la fin du XIXe siècle (ainsi que d'autres édifices à vocation religieuse ou administrative) sont un symbole du néoclassicisme, qui poussa jusqu'à la laideur l'architecture de cette époque.
Cet article a été modifié il y a 12 ans