Collège Saint Joseph - Antoura (Ain Toura)
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Le couvent Saint Joseph d'Antoura n'a pas toujours appartenu aux Lazaristes. Son histoire se divise en trois étapes :
De 1657 à 1783,
De 1783 à 1834,
De 1834 à nos jours.
• Les Pères Jésuites à Antoura : 1657-1783
Les Jésuites se sont installés au Levant depuis 1625 (Alep). Par suite, ils ont crée des maisons de mission à Damas, Tripoli et Saïda. Très tôt, ils ressentirent le besoin d'avoir, en montagne chrétienne, un havre de paix et de repos pour échapper aux dangers de la peste, aux vexations des turcs et aux troubles au milieu de populations hétérogènes.
Ils trouvèrent dans le Kesrouan maronite ce qu'ils désiraient. Le Père Amieu, supérieur de Tripoli et de la maison de Syrie, avait déjà remarqué le site d'Antoura lors de ses visites au monastère des religieuses maronites, Saint Jean de Hrache (1642-43). Il fut à plusieurs reprises l'aumônier des religieuses, accompagné du Frère Bécherel qui mit au service du monastère ses talents de menuisier. Mais ce n'est qu'en 1657, et suite à un évènement fortuit, que les Jésuites s'installent à Antoura
Grâce à la générosité du Cheikh Abou Naufal Khazen, seigneur des lieux grand ami des religieux francs, consul honoraire de France à Beyrouth, et, grâce à l'activité du Père François Lambert, ancien négociant marseillais de l'échelle de Saïda, devenu Jésuite et supérieur de Tripoli, une petite maison et une chapelle sont construites. La mission d'Antoura est fondée, le couvent porte le nom de Saint Joseph.
Jusqu'à la fin du 18 ème siècle, la maison d'Antoura fut une maison à la fois de mission et de repos. Les Pères parcourent toute la contrée jusqu'aux régions les plus éloignées de l'Anti-Liban ; ils vivent davantage dans les villages que dans leur résidence, oú ils ne retournent qu'à la mauvaise saison pour se refaire des forces.
La mission des Jésuites à Antoura est à l'origine de nombreuses œuvres :
Instruction religieuse, prédications, catéchismes, retraites, administration des sacrements auprès des habitants de la montagne dont la foi est vive mais l'ignorance religieuse profonde.
Petite capelle Saint Joseph, construite par les Jésuites. Elle fait partie du bâtiment le plus ancien du collège. Dans son caveau, sont inhumés les 21 Jésuites morts à Antoura et les Lazaristes décèdes avant 1928.
Travaux du premier concile libanais de Louaizé (1736).
Fondation d'un séminaire inter rituel : le séminaire Saint Elie en 1742.
Fondation du couvent de la Visitation (couvent modèle de religieuses) en 1746.
École pour les enfants du village.
Confrérie du Rosaire.
La mission d'Antoura avait réalisé beaucoup de bien lorsque la suppression de la Compagnie de Jésus (1773) entraînera la disparition des Jésuites d'Antoura (1776). La maison restera abandonnée jusqu'à sa reprise par les Lazaristes en Avril 1783.
• Les Lazaristes à Antoura : 1783-1834
La congrégation de la Propagande ainsi que le roi Louis XVI chargent les Lazaristes de continuer l'œuvre des Jésuites dans le Proche-Orient.
Le premier Lazariste arrivé au Liban est le Père Cordier qui débarque en Avril 1783 avec le Frère Bataille. Ce sont ces deux religieux que Volney rencontra, en 1784, à son passage à Antoura. « … Dans sa simplicité, la maison est propre ; et sa situation à mi-cote, les eaux qui arrosent ses vignes et ses mûriers, sa vue sur le vallon qu'elle domine, et l'échappée qu'elle a sur la mer, en font un ermitage agréable… Les Lazaristes entretiennent, à Antoura, un supérieur curé et un frère lai qui desservent la maison avec autant de charité que d'honnêteté et de décence. »
Ce petit noyau grossira les années suivantes et s’appliquera à :
Réorganiser la maison.
Apprendre l’arabe.
Remplir les fonctions de curé de village.
Faire le catéchisme.
Reprendre dans la montagne les missions volantes.
Les missionnaires Lazaristes n’auront d’autre souci que de continuer dignement l’œuvre de leurs devanciers.
Ce nouvel élan fut trop vite freiné par la révolution française. En 1789, la maison mère des Lazaristes, Saint Lazare, est saccagée ; les Lazaristes sont dispersés ; bientôt les missionnaires viennent à manquer. A partir de 1796, il ne resta plus qu’un seul Lazariste à Antoura, Mgr. Gandolfi, qui devait rester seul au Kesrouan jusqu’à sa mort(1825).
Mais bientôt, la congrégation des Lazaristes se réorganise. En 1827, on envoie en Syrie deux missionnaires de valeur. Ils vont ressuciter les œuvres mortes. M. Poussou s’installe à Damas et M. Leroy devient supérieur d’Antoura. Il allait donner à l’œuvre une orientation nouvelle.
1. Les Lazaristes à Antoura. De 1834 à nos jours.
Le collège
Raisons de la fondation
Encore une fois, Rome et la France sollicitent les Lazaristes. Sur les instances du délégué apostolique de Syrie, Monseigneur Auvergne, et du consul de France de Beyrouth, M.Guys, leur résidence se transforme en 1834 en un petit établissement d’enseignement secondaire.
A cette époque, au Liban comme dans tout l’Orient, l’instruction est peu répandue. En raison de la situation politique instable et des persécutions, on a déconseillé aux Jésuites, pourtant fondateurs de l’enseignement secondaire, de l’introduire au cours de leur première mission. Les seuls établissement sont des séminaires dont le plus célèbre est ‘Aïn Warka’ oú on passe de l’enseignement des langues à la théologie. Les sciences, l’histoire, la géographie, ont peu de place dans les programmes. Même les écoles primaires sont assez rares.
La fondation du collège d’Antoura répondait à plusieurs besoins :
- Pour Rome, collèges et écoles devaient contribuer au relèvement des chrétiens qui, dans l’empire Ottoman, sont légalement inférieurs aux musulmans. Ils n’ont pas accès à la fonction publique. Ils sont soumis à des pratiques humiliantes. L’instruction les tirera de leur engourdissement intellectuel et moral, les sortira de leur résignation et conduira à leur émancipation sociale.
- Pour le consul de France, l’intérêt politique de la France est en jeu autant que le bien moral des populations parmi lesquelles il vit. « Qu’on entreprenne, disait-il, de relever le niveau moral de ce peuple sans en préparer les voies par une instruction convenable et longtemps élaborée, ce sera peine inutile ».
- Pour Lamartine qui a séjourné à deux reprises à Antoura, en 1832 et 1833, le collège permettra d’instruire les fils de français et d’européens installés au liban.
- Pour le préfet des missionnaires Lazaristes au Levant, l’éducation donnée sur les mêmes bancs, à une jeunesse de rites et de religions différents, sera un moyen de rapprochement.
Finalement, il fallait répondre aux protestants qui, profitant de la liberté religieuse laissée par l’occupation égyptienne, avaient déjà ouvert quelques écoles au Liban.
Premier collège secondaire d’Orient, « mère des collèges », Antoura confirmera très vite une triple réputation :
· Premier collège « laïc » destiné à des élèves laïcs, sans intention de propagande religieuse.
· Premier collège œcuménique, ouvert à tous les rites et religions.
· Premier collège international d’Orient, ouvert à différentes nationalités, occidentales et orientales.
1834-1840 Les débuts du collège
L’établissement ouvre se portes en novembre 1834 avec 7 élèves, 3 Libanais et 4 Européens. M. Leroy, supérieur, continue ses missions en montage et s’occupe de l’administration matérielle de la maison. M. Teysseré lui est adjoint comme directeur d’études, il enseigne le français et les sciences. M.Calvi enseigne l’italien et un ecclésiastique maronite l’arabe.
Le nombre d’élève augmente lentement. 7 en 1837, 45en 1840. C’est en 1837 que Lamartine intervient auprès du ministère Guizot pour obtenir les premières bourses en faveur du collège naissant. En 1842, 12 bourses scolaires sont accordées au collège dans l’intention d’en faire bénéficier des fils de familles de notables, afin de leur donner goût aux études. En 1839, le collège reçoit ses premiers élèves musulmans : les fils du mutassalem de Jaffa. Vers 1840 le collège était lancé.
1840-1880 Période de croissance
La croissance du collège coïncide avec un période troublée de l’histoire du Liban.
· Pendant l’insurrection libanaise qui se termine par le départ des Égyptiens en 1840, le collège reste ouvert à l’ombre du drapeau français.
· Au cours de la guerre de 1845 entre druzes et chrétiens, par deux fois, on se réfugie à Beyrouth dans des maisons de louage. Le calme revenu, les cours reprennent. On commence à agrandir le collège. Le nombre des élèves atteint la centaine en 1856.les deux tiers sont de Beyrouth.
· De nouveau le pays bouge : soulèvement des cheikhs contre le pouvoir central en 1858 ; soulèvement des paysans contre les cheikhs en 1859 ; bientôt les massacres de 1860. les élèves du collège sont rendus à leurs familles. Ceux qui restent sont dirigés vers Alexandrie avec les missionnaires. Un prêtre et quelques frères maintiennent la maison ouverte.
Le calme revient avec l’expédition Française. La marche du collège ne sera plus ralentie. L’abbé Lavigerie, directeur de l’œuvre des écoles d’orient confie à Antoura 70 enfants des « premières familles » de Syrie, orphelins des récents massacres. Dès 1862, 192 élèves occupent le collège agrandi. En même temps, sous la direction de M. Depeyre, la discipline et les études progressent. L’instruction donnée est sérieuse et durable ; elle prépare surtout des travailleurs de grande valeur intellectuelle et morale qui occuperont très vite, dans leurs pays d’origine des situations brillantes. Le nombre d’élèves augmente continuellement. M. Destino conçoit le plan du nouveau collège (bâtiment central actuel) et commence son exécution en 1873.
1880-1945 essor du collège
Deux supérieurs se succéderont à la tête d’Antoura pour une période de 32 ans chacun.
Avec M. Saliège, le « bâtisseur » d’Antoura, le collège prend forme. Deux dortoirs en 1881 ; aile gauche du collège (si on regarde la mer) en 1884 ; chapelle en 1895 ; parloirs, salons et entrée principale en 1898 ; salle des fêtes en 1902 ; et pour tout couronner, la tour en 1904. Antoura reçoit 300 internes encadrés par 28 professeurs (parmi lesquels quelques frères maristes).
La réputation du collège est brillante.
En 1922, le collège continue avec M.Sarloutte. Construction d’un nouveau dortoir et de nouveaux cabinets de sciences. Mais la 1ère guerre mondiale vient interrompre l’élan. Les Lazaristes sont chassés de leur maison. Ils la retrouvent en 1919 dans un état désolant. Avec persévérance, on redémarre avec 80 internes en novembre ; ils seront 380 en 1925. Le courant électrique est installé, l’aile la plus ancienne du collège est consolidée, le théâtre est construit. On réorganise les programmes d’enseignement en vue des examens officiels. Lorsque la 2ème guerre mondiale éclate, Antoura ouvre largement ses portes à beaucoup de jeunes libanais (515 élèves) qui seront parmi les cadres actifs du Liban de l’Indépendance.
1945-1969 Années de réajustement
L’après guerre consacre des changements déjà ébauchés dans les années 30. La clientèle étrangère du collège (Égyptiens, Turcs, Syriens, Irakiens), n’a plus besoin de venir si loin. La clientèle libanaise, majoritairement citadine, trouve à présent dans ses villes des écoles de choix. De plus, le développement social et le bond démographique de Beyrouth font que l’internat est moins recherche. De par sa situation géographique, Antoura n’a pas de clientèle naturelle. Transformer le collège en un vaste externat est pour lors impossible faute de moyens de transports. Que faire? Fermer le collège ? Le père Joppin voudra le maintenir à tout prix. Les facilités qu’il consentira aux parents draineront un nombre inhabituel d’élèves. Le collège sera déborde. Années difficiles, dont il faut quand même retenir la volonté de continuer. En bon historien, le père Joppin renouera avec la tradition d’inviter, à la Saint Joseph, le Patriarche maronite à Antoura. Il continuera d’ouvrir ses portes aux écrivains et visiteurs français.
Le Père Bertrand, arrivé comme supérieur du collège en 1955, accueille les minimes dans une nouvelle aile qui se dilatera en 1968. Le corps enseignant se redessine avec une majorité de laïcs, la crise des vocations en Europe privant Antoura de précieux collaborateurs. Quant aux confrères Lazaristes orientaux, ils sont destinés aux activités missionnaires de la province.
En octobre 1963, le collège reçoit un groupe de 180 élèves externes de l’institution Saint Paul (école pilote qui vient de fermer ses portes pour difficultés financières) avec, à leur tête, leur directeur M. Victor Lahoud. Il sera longtemps responsable des études de mathématique et de sciences. Il jouera un grand rôle dans le relèvement du niveau pédagogique de l’école.
C’est le père Marensin, arrivé en 1929 à Antoura oú il a passé toute sa vie, qui amorcera avec timidité et sous la pression de ses confrères libanais la transformation du collège en externat. En octobre 1963, il n’y a plus de dortoir des grands et un autobus dessert le collège. En 1966, Antoura est parmi les premiers grands établissement de garçons à ouvrir une section maternelle.
1969-1994 Mutations
Pour la première fois, en 1969, un Lazariste libanais est nomme supérieur d’Antoura. Un nouveau dynamisme est donné au collège. Les programmes et les méthodes sont mis à jour. Les directions d’études, confiées à des laïcs, veillent à la qualité et au recyclage des enseignants. Des femmes sont recrutées pour l’enseignement dans le secondaire et puis dans le complémentaire. Différents comites portent le souci du collège et de sa promotion. Le secrétariat est réorganisé.
Une attention particulière est portée aux activités sportives. En 1971, un terrain couvert de basket ball est inauguré, il prend place dans une aile nouvelle adossée à l’ancien bâtiment. L’entrée officielle du collège est déplacée.
En moins de 10 ans, 1500 externes prendront la place de tous les moyens et grands internes. Antoura se fera remarquer par d’excellents résultats aux examens officiels.
La guerre du Liban provoquera un afflux d’élèves nouveaux à Antoura, attirés par la sécurité des lieux et la notoriété du collège. La mixité commencée déjà au primaire s’imposera dans toutes les classes. Les effectifs doubleront très vite. En 1977, un nouveau pavillon abrite la section maternelle. Un centre de documentation est inauguré en 1982.
Un nouveau bâtiment accueille les classes de sixième et cinquième en 1986. Tous les anciens dortoirs sont réaménagés en classes et salles d’examen. Les anciens réfectoires du collège sont restaures. Sous leurs voûtes, on organise rencontres et expositions.
En un temps très court, tous les chiffres ont explose : 3500 élèves, 272 professeurs, une trentaine d’employés administratifs, un service de 55 autocars.
C’est une lourde charge pour tous les responsables du collège. C’est aussi un pari à tenir tout comme celui du collège naissant en 1834.
En septembre 1995, l’église du collège aura cent ans. Son exécution a nécessité six ans. Dédiée à la Saint Vierge, elle est ornée de très beaux vitraux, réalisés en 1892 par la maison Lobin de tours (France). Ceux du chœur représentent Saint Joseph, la Vierge et Saint Vincent de Paul. Ceux de la nef évoquent quelques saints, les évangélistes ainsi que les mystères joyeux, glorieux et douloureux du Rosaire. D’un style gothique très pur, elle mesure 30 mètres de long sur 12 de large et 15 de haut. Claire, sobre et élégante, son autel en marbre blanc abrite sous sa table cinq niches donnant asile à des statues de saints. M.Saliége, le Frère Ferdinand de la Nuit ainsi que M.Sarloutte reposent dans cette église.
Cette petite salle voûtée faisant partie des dépendances de la première maison des Jésuites. Elle fut d’abord transformée en petit salon. Aujourd’hui, c’est le lieu de catéchèse des classes de la maternelle. Elle est située face à l’ancienne église Saint Joseph. L’ensemble du bâtiment ancien a été restauré par le Père Antoine Abboud, supérieur du collège de 1983 à 1992.
Madame Katia Ouaiss
Plaquette du 160e anniversaire
www.college-antoura.edu.lb/
De 1657 à 1783,
De 1783 à 1834,
De 1834 à nos jours.
• Les Pères Jésuites à Antoura : 1657-1783
Les Jésuites se sont installés au Levant depuis 1625 (Alep). Par suite, ils ont crée des maisons de mission à Damas, Tripoli et Saïda. Très tôt, ils ressentirent le besoin d'avoir, en montagne chrétienne, un havre de paix et de repos pour échapper aux dangers de la peste, aux vexations des turcs et aux troubles au milieu de populations hétérogènes.
Ils trouvèrent dans le Kesrouan maronite ce qu'ils désiraient. Le Père Amieu, supérieur de Tripoli et de la maison de Syrie, avait déjà remarqué le site d'Antoura lors de ses visites au monastère des religieuses maronites, Saint Jean de Hrache (1642-43). Il fut à plusieurs reprises l'aumônier des religieuses, accompagné du Frère Bécherel qui mit au service du monastère ses talents de menuisier. Mais ce n'est qu'en 1657, et suite à un évènement fortuit, que les Jésuites s'installent à Antoura
Grâce à la générosité du Cheikh Abou Naufal Khazen, seigneur des lieux grand ami des religieux francs, consul honoraire de France à Beyrouth, et, grâce à l'activité du Père François Lambert, ancien négociant marseillais de l'échelle de Saïda, devenu Jésuite et supérieur de Tripoli, une petite maison et une chapelle sont construites. La mission d'Antoura est fondée, le couvent porte le nom de Saint Joseph.
Jusqu'à la fin du 18 ème siècle, la maison d'Antoura fut une maison à la fois de mission et de repos. Les Pères parcourent toute la contrée jusqu'aux régions les plus éloignées de l'Anti-Liban ; ils vivent davantage dans les villages que dans leur résidence, oú ils ne retournent qu'à la mauvaise saison pour se refaire des forces.
La mission des Jésuites à Antoura est à l'origine de nombreuses œuvres :
Instruction religieuse, prédications, catéchismes, retraites, administration des sacrements auprès des habitants de la montagne dont la foi est vive mais l'ignorance religieuse profonde.
Petite capelle Saint Joseph, construite par les Jésuites. Elle fait partie du bâtiment le plus ancien du collège. Dans son caveau, sont inhumés les 21 Jésuites morts à Antoura et les Lazaristes décèdes avant 1928.
Travaux du premier concile libanais de Louaizé (1736).
Fondation d'un séminaire inter rituel : le séminaire Saint Elie en 1742.
Fondation du couvent de la Visitation (couvent modèle de religieuses) en 1746.
École pour les enfants du village.
Confrérie du Rosaire.
La mission d'Antoura avait réalisé beaucoup de bien lorsque la suppression de la Compagnie de Jésus (1773) entraînera la disparition des Jésuites d'Antoura (1776). La maison restera abandonnée jusqu'à sa reprise par les Lazaristes en Avril 1783.
• Les Lazaristes à Antoura : 1783-1834
La congrégation de la Propagande ainsi que le roi Louis XVI chargent les Lazaristes de continuer l'œuvre des Jésuites dans le Proche-Orient.
Le premier Lazariste arrivé au Liban est le Père Cordier qui débarque en Avril 1783 avec le Frère Bataille. Ce sont ces deux religieux que Volney rencontra, en 1784, à son passage à Antoura. « … Dans sa simplicité, la maison est propre ; et sa situation à mi-cote, les eaux qui arrosent ses vignes et ses mûriers, sa vue sur le vallon qu'elle domine, et l'échappée qu'elle a sur la mer, en font un ermitage agréable… Les Lazaristes entretiennent, à Antoura, un supérieur curé et un frère lai qui desservent la maison avec autant de charité que d'honnêteté et de décence. »
Ce petit noyau grossira les années suivantes et s’appliquera à :
Réorganiser la maison.
Apprendre l’arabe.
Remplir les fonctions de curé de village.
Faire le catéchisme.
Reprendre dans la montagne les missions volantes.
Les missionnaires Lazaristes n’auront d’autre souci que de continuer dignement l’œuvre de leurs devanciers.
Ce nouvel élan fut trop vite freiné par la révolution française. En 1789, la maison mère des Lazaristes, Saint Lazare, est saccagée ; les Lazaristes sont dispersés ; bientôt les missionnaires viennent à manquer. A partir de 1796, il ne resta plus qu’un seul Lazariste à Antoura, Mgr. Gandolfi, qui devait rester seul au Kesrouan jusqu’à sa mort(1825).
Mais bientôt, la congrégation des Lazaristes se réorganise. En 1827, on envoie en Syrie deux missionnaires de valeur. Ils vont ressuciter les œuvres mortes. M. Poussou s’installe à Damas et M. Leroy devient supérieur d’Antoura. Il allait donner à l’œuvre une orientation nouvelle.
1. Les Lazaristes à Antoura. De 1834 à nos jours.
Le collège
Raisons de la fondation
Encore une fois, Rome et la France sollicitent les Lazaristes. Sur les instances du délégué apostolique de Syrie, Monseigneur Auvergne, et du consul de France de Beyrouth, M.Guys, leur résidence se transforme en 1834 en un petit établissement d’enseignement secondaire.
A cette époque, au Liban comme dans tout l’Orient, l’instruction est peu répandue. En raison de la situation politique instable et des persécutions, on a déconseillé aux Jésuites, pourtant fondateurs de l’enseignement secondaire, de l’introduire au cours de leur première mission. Les seuls établissement sont des séminaires dont le plus célèbre est ‘Aïn Warka’ oú on passe de l’enseignement des langues à la théologie. Les sciences, l’histoire, la géographie, ont peu de place dans les programmes. Même les écoles primaires sont assez rares.
La fondation du collège d’Antoura répondait à plusieurs besoins :
- Pour Rome, collèges et écoles devaient contribuer au relèvement des chrétiens qui, dans l’empire Ottoman, sont légalement inférieurs aux musulmans. Ils n’ont pas accès à la fonction publique. Ils sont soumis à des pratiques humiliantes. L’instruction les tirera de leur engourdissement intellectuel et moral, les sortira de leur résignation et conduira à leur émancipation sociale.
- Pour le consul de France, l’intérêt politique de la France est en jeu autant que le bien moral des populations parmi lesquelles il vit. « Qu’on entreprenne, disait-il, de relever le niveau moral de ce peuple sans en préparer les voies par une instruction convenable et longtemps élaborée, ce sera peine inutile ».
- Pour Lamartine qui a séjourné à deux reprises à Antoura, en 1832 et 1833, le collège permettra d’instruire les fils de français et d’européens installés au liban.
- Pour le préfet des missionnaires Lazaristes au Levant, l’éducation donnée sur les mêmes bancs, à une jeunesse de rites et de religions différents, sera un moyen de rapprochement.
Finalement, il fallait répondre aux protestants qui, profitant de la liberté religieuse laissée par l’occupation égyptienne, avaient déjà ouvert quelques écoles au Liban.
Premier collège secondaire d’Orient, « mère des collèges », Antoura confirmera très vite une triple réputation :
· Premier collège « laïc » destiné à des élèves laïcs, sans intention de propagande religieuse.
· Premier collège œcuménique, ouvert à tous les rites et religions.
· Premier collège international d’Orient, ouvert à différentes nationalités, occidentales et orientales.
1834-1840 Les débuts du collège
L’établissement ouvre se portes en novembre 1834 avec 7 élèves, 3 Libanais et 4 Européens. M. Leroy, supérieur, continue ses missions en montage et s’occupe de l’administration matérielle de la maison. M. Teysseré lui est adjoint comme directeur d’études, il enseigne le français et les sciences. M.Calvi enseigne l’italien et un ecclésiastique maronite l’arabe.
Le nombre d’élève augmente lentement. 7 en 1837, 45en 1840. C’est en 1837 que Lamartine intervient auprès du ministère Guizot pour obtenir les premières bourses en faveur du collège naissant. En 1842, 12 bourses scolaires sont accordées au collège dans l’intention d’en faire bénéficier des fils de familles de notables, afin de leur donner goût aux études. En 1839, le collège reçoit ses premiers élèves musulmans : les fils du mutassalem de Jaffa. Vers 1840 le collège était lancé.
1840-1880 Période de croissance
La croissance du collège coïncide avec un période troublée de l’histoire du Liban.
· Pendant l’insurrection libanaise qui se termine par le départ des Égyptiens en 1840, le collège reste ouvert à l’ombre du drapeau français.
· Au cours de la guerre de 1845 entre druzes et chrétiens, par deux fois, on se réfugie à Beyrouth dans des maisons de louage. Le calme revenu, les cours reprennent. On commence à agrandir le collège. Le nombre des élèves atteint la centaine en 1856.les deux tiers sont de Beyrouth.
· De nouveau le pays bouge : soulèvement des cheikhs contre le pouvoir central en 1858 ; soulèvement des paysans contre les cheikhs en 1859 ; bientôt les massacres de 1860. les élèves du collège sont rendus à leurs familles. Ceux qui restent sont dirigés vers Alexandrie avec les missionnaires. Un prêtre et quelques frères maintiennent la maison ouverte.
Le calme revient avec l’expédition Française. La marche du collège ne sera plus ralentie. L’abbé Lavigerie, directeur de l’œuvre des écoles d’orient confie à Antoura 70 enfants des « premières familles » de Syrie, orphelins des récents massacres. Dès 1862, 192 élèves occupent le collège agrandi. En même temps, sous la direction de M. Depeyre, la discipline et les études progressent. L’instruction donnée est sérieuse et durable ; elle prépare surtout des travailleurs de grande valeur intellectuelle et morale qui occuperont très vite, dans leurs pays d’origine des situations brillantes. Le nombre d’élèves augmente continuellement. M. Destino conçoit le plan du nouveau collège (bâtiment central actuel) et commence son exécution en 1873.
1880-1945 essor du collège
Deux supérieurs se succéderont à la tête d’Antoura pour une période de 32 ans chacun.
Avec M. Saliège, le « bâtisseur » d’Antoura, le collège prend forme. Deux dortoirs en 1881 ; aile gauche du collège (si on regarde la mer) en 1884 ; chapelle en 1895 ; parloirs, salons et entrée principale en 1898 ; salle des fêtes en 1902 ; et pour tout couronner, la tour en 1904. Antoura reçoit 300 internes encadrés par 28 professeurs (parmi lesquels quelques frères maristes).
La réputation du collège est brillante.
En 1922, le collège continue avec M.Sarloutte. Construction d’un nouveau dortoir et de nouveaux cabinets de sciences. Mais la 1ère guerre mondiale vient interrompre l’élan. Les Lazaristes sont chassés de leur maison. Ils la retrouvent en 1919 dans un état désolant. Avec persévérance, on redémarre avec 80 internes en novembre ; ils seront 380 en 1925. Le courant électrique est installé, l’aile la plus ancienne du collège est consolidée, le théâtre est construit. On réorganise les programmes d’enseignement en vue des examens officiels. Lorsque la 2ème guerre mondiale éclate, Antoura ouvre largement ses portes à beaucoup de jeunes libanais (515 élèves) qui seront parmi les cadres actifs du Liban de l’Indépendance.
1945-1969 Années de réajustement
L’après guerre consacre des changements déjà ébauchés dans les années 30. La clientèle étrangère du collège (Égyptiens, Turcs, Syriens, Irakiens), n’a plus besoin de venir si loin. La clientèle libanaise, majoritairement citadine, trouve à présent dans ses villes des écoles de choix. De plus, le développement social et le bond démographique de Beyrouth font que l’internat est moins recherche. De par sa situation géographique, Antoura n’a pas de clientèle naturelle. Transformer le collège en un vaste externat est pour lors impossible faute de moyens de transports. Que faire? Fermer le collège ? Le père Joppin voudra le maintenir à tout prix. Les facilités qu’il consentira aux parents draineront un nombre inhabituel d’élèves. Le collège sera déborde. Années difficiles, dont il faut quand même retenir la volonté de continuer. En bon historien, le père Joppin renouera avec la tradition d’inviter, à la Saint Joseph, le Patriarche maronite à Antoura. Il continuera d’ouvrir ses portes aux écrivains et visiteurs français.
Le Père Bertrand, arrivé comme supérieur du collège en 1955, accueille les minimes dans une nouvelle aile qui se dilatera en 1968. Le corps enseignant se redessine avec une majorité de laïcs, la crise des vocations en Europe privant Antoura de précieux collaborateurs. Quant aux confrères Lazaristes orientaux, ils sont destinés aux activités missionnaires de la province.
En octobre 1963, le collège reçoit un groupe de 180 élèves externes de l’institution Saint Paul (école pilote qui vient de fermer ses portes pour difficultés financières) avec, à leur tête, leur directeur M. Victor Lahoud. Il sera longtemps responsable des études de mathématique et de sciences. Il jouera un grand rôle dans le relèvement du niveau pédagogique de l’école.
C’est le père Marensin, arrivé en 1929 à Antoura oú il a passé toute sa vie, qui amorcera avec timidité et sous la pression de ses confrères libanais la transformation du collège en externat. En octobre 1963, il n’y a plus de dortoir des grands et un autobus dessert le collège. En 1966, Antoura est parmi les premiers grands établissement de garçons à ouvrir une section maternelle.
1969-1994 Mutations
Pour la première fois, en 1969, un Lazariste libanais est nomme supérieur d’Antoura. Un nouveau dynamisme est donné au collège. Les programmes et les méthodes sont mis à jour. Les directions d’études, confiées à des laïcs, veillent à la qualité et au recyclage des enseignants. Des femmes sont recrutées pour l’enseignement dans le secondaire et puis dans le complémentaire. Différents comites portent le souci du collège et de sa promotion. Le secrétariat est réorganisé.
Une attention particulière est portée aux activités sportives. En 1971, un terrain couvert de basket ball est inauguré, il prend place dans une aile nouvelle adossée à l’ancien bâtiment. L’entrée officielle du collège est déplacée.
En moins de 10 ans, 1500 externes prendront la place de tous les moyens et grands internes. Antoura se fera remarquer par d’excellents résultats aux examens officiels.
La guerre du Liban provoquera un afflux d’élèves nouveaux à Antoura, attirés par la sécurité des lieux et la notoriété du collège. La mixité commencée déjà au primaire s’imposera dans toutes les classes. Les effectifs doubleront très vite. En 1977, un nouveau pavillon abrite la section maternelle. Un centre de documentation est inauguré en 1982.
Un nouveau bâtiment accueille les classes de sixième et cinquième en 1986. Tous les anciens dortoirs sont réaménagés en classes et salles d’examen. Les anciens réfectoires du collège sont restaures. Sous leurs voûtes, on organise rencontres et expositions.
En un temps très court, tous les chiffres ont explose : 3500 élèves, 272 professeurs, une trentaine d’employés administratifs, un service de 55 autocars.
C’est une lourde charge pour tous les responsables du collège. C’est aussi un pari à tenir tout comme celui du collège naissant en 1834.
En septembre 1995, l’église du collège aura cent ans. Son exécution a nécessité six ans. Dédiée à la Saint Vierge, elle est ornée de très beaux vitraux, réalisés en 1892 par la maison Lobin de tours (France). Ceux du chœur représentent Saint Joseph, la Vierge et Saint Vincent de Paul. Ceux de la nef évoquent quelques saints, les évangélistes ainsi que les mystères joyeux, glorieux et douloureux du Rosaire. D’un style gothique très pur, elle mesure 30 mètres de long sur 12 de large et 15 de haut. Claire, sobre et élégante, son autel en marbre blanc abrite sous sa table cinq niches donnant asile à des statues de saints. M.Saliége, le Frère Ferdinand de la Nuit ainsi que M.Sarloutte reposent dans cette église.
Cette petite salle voûtée faisant partie des dépendances de la première maison des Jésuites. Elle fut d’abord transformée en petit salon. Aujourd’hui, c’est le lieu de catéchèse des classes de la maternelle. Elle est située face à l’ancienne église Saint Joseph. L’ensemble du bâtiment ancien a été restauré par le Père Antoine Abboud, supérieur du collège de 1983 à 1992.
Madame Katia Ouaiss
Plaquette du 160e anniversaire
www.college-antoura.edu.lb/
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