Hôtel de la Préfecture de région Basse-Normandie et du département du Calvados (Caen)

France / Basse-Normandie / Caen
 prefecture (en), Monument classé

Parties protégées (A) Façades et toitures avec le portail monumental et galerie attenante, vestibule et cage d’escalier ; au 1er étage, salle dite de billard (ancienne salle à manger d’apparat), bureau privé (ancien billard), bureau du Préfet ; tous avec leurs décors ; (B) salon rose (ancienne Antichambre), salon des préfets (ancien salon de musique), salon mauve (ancien antisalon) ; salle à manger à dorée (ancien grand salon), salle à manger (ancienne petite salle), et salon dit second salon directoire (ancien petit salon), situés au 1er étage, avec leur décor Protection (A) CLMH, 31/12/1986 (se substituant à l’ISMH du 01/10/62) ; (B) CLMH du 29/07/1963 Localisation Place Gambetta
Villes proches:
Coordonnées :   49°10'48"N   -0°21'54"E

Commentaires

  • Les premiers préfets installés à Caen ne disposaient pas du confort d'une préfecture décente. Quand le lycée d'Etat s'installa dans l'Abbaye aux Hommes en 1806, le Préfet Caffarelli transféra les services dans l'ancien collège du Mont et prit résidence dans l'hôtel de Manneville. Cet hôtel était composé de trois corps de bâtiment en fer à cheval, construit sur l'emplacement d'un gibet pour le comte Gosselin de Manneville, ancien maire de Caen, à la fin du 18e. Lorsque Napoléon 1er fit étape à Caen en 1811, il décida de faire construite un édifice plus prestigieux. C'est à l’emplacement de l'hôtel de Mannerville qu’on chargea Jean-Baptiste Harou-Romain de construire l'actuel hôtel de la Préfecture. Plusieurs projets furent successivement présentés. On choisit de construire un édifice composé de trois corps de bâtiments rectangulaires, aux fonctions individualisées, disposés en retour d'équerre autour d'une cour d'honneur. L'aile ouest, dévolue aux appartements et l'aile est, siège des bureaux, convergent vers l'aile nord qui abrite les salons de réception. Ce parti fonctionnel de distribution des espaces intérieurs se retrouve également dans la hiérarchisation des niveaux : pièces de service et locaux administratifs occupent le rez-de-chaussée, tandis qu'appartements et bureaux du préfet sont placés à l'étage. Cette disposition permet de comprendre l'émergence d'un type architectural parfaitement adapté aux nécessités de l'administration préfectorale naissante. Les plans définitifs furent approuvés en mars 1812. Les travaux aussitôt commencés, s’interrompirent dès 1813 pour ne reprendre qu'en 1817. Les services administratifs logeaient toujours dans l'ancien collège du Mont et dans le corps de logis principal de l'hôtel de Manneville. Ces locaux étant devenus trop étroits ou trop vétustes, on décida, en 1817, d'achever le bâtiment préfectoral. Le chantier fut confié à l'architecte départemental Paul Verrolle qui respecta scrupuleusement le projet initial. En 1822, seules les ailes occidentale et septentrionale étaient réalisées ; ils s'élevaient à l'emplacement des communs de l'hôtel de Manneville. Le reste de l’hôtel fut démoli en 1848 et l'aile des bureaux élevée entre 1849 et 1851. En prévision du passage de Napoléon III à Caen, on procéda, en 1857 à certains aménagements : l'architecte départemental Léon Marcotte fut chargé de la réalisation de la galerie et du portail qui ferment la cour au sud. Pour la décoration du portail, flanqué de colonnes rostrales. Il fit appel à Auguste Lechesne, sculpteur caennais qui travaillait au palais du Louvre. L'aménagement intérieur des ailes ouest et nord fut exécuté entre 1822 et 1826, d'après les projets originels de Jean-Baptiste Harou-Romain, mais sous la direction de son fils, Romain Harou-Romain, qui lui avait succédé comme architecte départemental. C'est le style officiel mis à l'honneur par Percier, Fontaine et Berthault qui fut choisi comme le plus approprié au prestige du représentant de l'État dans le département. En effet, si la décoration des appartements privés s'apparente à celle des hôtels parisiens de la même époque, la riche ornementation des quatre pièces de réception en enfilade évoque celle des résidences impériales. Ainsi, le grand salon d'apparat, scandé de colonnes, s'inspire directement de la majestueuse salle de bal du château de Compiègne. À l'inverse, c'est l'esprit archéologique du retour à l'archaïsme hellénique qui présida à la création du vestibule d'honneur, porté par six colonnes d'ordre dorique. En 1857, Marcotte créa également, dans l'aile nord, une grande salle à manger officielle dans un style historiciste issu de la Renaissance française. La préfecture du Calvados, bâtiment particulièrement homogène en dépit d'une construction échelonnée sur un demi-siècle, présente la particularité d'être l'une des rares préfectures françaises créées en même temps que l'institution qu'elle abrite. Elle constitue un important témoignage de l'architecture publique néoclassique en Normandie, mais annonce déjà, par la diversité de ses sources d'inspiration, le triomphe de l'éclectisme.
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