Entrepôt (Saint-Denis)

France / Ile-de-France / Saint-Denis
 Télécharger une photo

Usine des établissements Laveissière & fils, puis Société industrielle et commerciale des métaux, puis Compagnie française des métaux, puis Tréfimétaux, actuellement entrepôt commercial, bureaux et centre d'archives dit "La Manufacture"

Reconvertie en 2007 pour accueillir des locaux d’activités, de stockage et d’archivage, cette ancienne halle constitue le témoignage le plus ancien de l’industrie métallurgique dionysienne. Isolé sur sa parcelle, le bâtiment était intégré à ses débuts en 1867 à une vaste usine d’affinage et de transformation des métaux dont l’activité s’est perpétuée durant près de 130 ans.

Aux origines de l’établissement, une importante famille de métallurgistes, les Laveissière, qui transfère leurs fonderie et laminoirs situés rue de Grenelle à Paris sur des terrains vacants à Saint-Denis. L’emplacement entre canal et chemin de fer a présidé au choix d’implantation. Les raccordements aux réseaux facilitent ainsi l’approvisionnement en cuivre, plomb et nickel que l’entreprise transforme en lingots, barres, tuyaux, plaques et flancs, et expédie, par le même circuit, à une clientèle européenne. Laveissière & fils produit également des tubes sans soudure, des rouleaux de cuivre pour l’impression sur étoffes, des portes et dômes de locomotives pour lesquels elle est primée à l’occasion d’expositions internationales (Paris,1867 et 1878 ; Vienne, 1873 ; Anvers, 1894).
Personnage clé de cette réussite industrielle, Edmond Bullot (1834-1902), ingénieur centralien qui eut en charge l’organisation du site dionysien et sa direction de 1867 à 1885, avant de rejoindre l’administration centrale du groupe. Sous sa houlette fut construite l’usine dont la halle encore en place constituait l’élément principal. Regroupant plusieurs fours de fonderie, des fours à recuire et des trains de laminoirs alimentés par deux machines à vapeur, le bâtiment a été dimensionné pour recevoir ce puissant équipement. Longue de 105 m pour une largeur de 45 m et une hauteur de 14 m, la halle est étendue vers 1880 pour atteindre sa longueur actuelle, 180 m .
Résultant probablement de la fusion entre Laveissière et son concurrent Secrétan, qui fondent ensemble la Société Industrielle et Commerciale des Métaux en 1880, cette transformation de la halle fut nécessaire pour étoffer l’outillage et repenser l’organisation du process. Sur une surface unique de 8 100 m², se répartissent dès lors un atelier de tréfilerie en partie arrière, des laminoirs de cuivre situés sur un vaste espace central, puis une salle des chaudières et des réservoirs au plus près du canal.
Les évolutions administratives de la société, devenue Compagnie Française des Métaux (1892) puis Tréfimétaux (1961, suite à la fusion avec les Tréfileries et Laminoirs du Havre) entrainent une augmentation constante de l’effectif, oscillant entre 500 et 800 personnes. Le site dionysien intégré à un éminent groupe métallurgique comprenant plusieurs usines en France conserve cependant son activité d’origine. Les fonctions d’atelier d’affinage, de tréfilage et de laminage de la grande halle sont également maintenues, même partiellement, jusqu’à l’arrêt de la production de l’établissement dans les années 1990.
Alors que les autres constructions du site disparaissent progressivement, le bâtiment préserve sa physionomie initiale, la même que celle de 1880. Derrière un aspect extérieur relativement simple, ce trapèze dissimule une ossature métallique complexe. Une nef centrale s’inscrivant dans un volume carré, libre de tout point d’appui sur une portée de 21 m, est jouxtée de deux ailes plus basses de 12 m de portée chacune. La structure intérieure composée d’un emboitage de colonnes en fonte soutient des fermes en profilé d’acier laminé qui reposent également sur des poteaux extérieurs en acier. L’ensemble forme une charpente complexe où l’équilibre des forces est obtenu par un jeu d’articulation de chacune des pièces.
Les façades porteuses intègrent l’ossature métallique laissée apparentes et hourdie de briques rouges. Celle s’ouvrant sur le canal se signale, au-delà de son linéaire de 57 m, par le dessin et le rythme de ses ouvertures. Des baies en arcs segmentaires, de tailles décroissantes en partie haute et identiques en partie basse, forment ainsi une composition symétrique. Des encadrements de briques rouges renforcent encore leur dessin.
Caractéristique des grandes halles industrielles des années 1860, cette architecture se singularise ainsi dans le paysage urbain par sa monumentalité. Sa façade opposée, non visible depuis l’espace public comprend des percements identiques en partie haute pour faire pénétrer la lumière au cœur de l’atelier. En toiture, le vitrage des pans de toiture d’origine a été remplacé lors de la réhabilitation par des chiens-assis filant sur toute la longueur du toit. Des modifications ont également été apportées à l’intérieur de la halle notamment la dépose d’un pont roulant dont le chemin de roulement s’appuyait partiellement sur les colonnes de fonte à l’aide de pattes et consoles encore visibles sur la structure.
Villes proches:
Coordonnées :   48°55'51"N   2°20'55"E
Cet article a été modifié il y a 4 ans