Cité Paul Langevin (Saint-Denis)

France / Ile-de-France / Saint-Denis
 pelouse, Quartier résidentiel
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Il s’agit de la première cité de logement social collectif qui a été mise en chantier au lendemain de la guerre à Saint-Denis. L’histoire de la cité est marquée par les difficultés de cession des bâtiments à l’OPHBM de Saint-Denis. Le MRU avait fait construire la cité pour le relogement des propriétaires sinistrés auxquels il était prévu d’attribuer un logement contre la valeur des dommages de guerre. Le ministère s’est pourtant trouvé confronter à la demande d’urgence des dionysiens qui vivaient dans des taudis et qui avaient fait le siège des appartements tout juste livrés. Des forces de police montaient la garde devant les appartements encore inoccupés. Auguste Gillot, président de l’OPHMHBM, a convaincu le MRU de céder progressivement ce patrimoine neuf aux dionysiens, mais les tractations ont pris plusieurs années (cf. « L’affaire de la cité Langevin », L’œuvre d’André Lurçat en Seine-Saint-Denis, Parcours du patrimoine, Somogy, Paris, 2008, p. 17).

Le MRU lance en 1946 un programme de 240 logements et de 15 boutiques prévu pour être organisé en deux tranches successives (1ere tranche : 133 logements et les 15 boutiques, 1946-1950 ; 2nde tranche : 107 logements et 12 pavillons, 1950-1953). En définitive, la cité ne compte que 187 logements, 10 boutiques et 1 pavillon? individuel. La cité a été édifiée au centre de Saint-Denis, au lieu-dit « les Bas-Près », non loin de la basilique, sur un triangle jusque là occupé par des maraîchers. Les vues aériennes de la cité au moment de son édification montrent le paysage saisissant de constructions émergeant au milieu de terrains altérés.
Les premières études menées par l’architecte montrent l’existence de plusieurs pavillons individuels. Pour des raisons budgétaires, il n’en a été retenu qu’un seul, réservé au gardien de la cité. Lurçat avait imaginé un système mixte avec une répartition homogène d’immeubles collectifs de 6 niveaux et de pavillons individuels sur un terrain ponctué d’espaces verts et d’aires de jeux. Les immeubles, de deux types et à deux orientations différentes, possèdent des appartements de 3 et 4 pièces que Lurçat a disposés de manière à ce qu’aucune pièce de vie ne soit située au nord, dans le respect des théories hygiénistes en faveur du meilleur ensoleillement possible du logement (en particulier séjour, salle à manger, chambres). « Les distances entre les bâtiments sont justes et les dimensions des espaces libres bien à l’échelle de l’homme » (A.Lurçat, " L’organisation des espaces urbains " conférence au CNAM 1954). Cité exemplaire par sa qualité architecturale et urbaine, elle témoigne de la période faste des quelques années qui ont suivies la guerre où les programmes n’étaient pas encore soumis à un impératif quantitatif de logements trop important et l’industrie à un rendement excessif. L’équilibre des gabarits entre la hauteur des immeubles, leur espacement et la juste proportion d’espaces libres que l’on retrouve également à la cité Fabien, est une marque appréciée de la fin des années 1940.
Un important travail de décoration des façades a été réalisé : des dessins gravés dans le ciment près des entrées d’immeubles représentant des végétaux et des animaux (du même type que ceux que l’on retrouve sur quelques établissements scolaires de Lurçat). Ces dessins ont été réalisés par Jean Amblard, Edouard Pignon, Perrot et Saint-Saëns, artistes-peintres. Des mosaïques de carrelage sont présentes sur le soubassement? de certains immeubles. Les références modernistes sont présentes sous la forme des hublots. L’importance des espaces verts et des terrains de jeux procure un espacement généreux entre chaque immeuble.

La cité fut réhabilitée en 1989 avec, notamment, le remplacement des menuiseries en acier par des menuiseries en aluminium.

En 2008, par le biais de la DRAC d’Île-de-France, le ministère de la Culture a décerné à cet édifice le label "Patrimoine du XXe siècle".

Dates de construction :
Juillet 1946 : commande de l’étude d’un ensemble de 244 logements, 1 pavillon et 10 boutiques.
Mars 1947 : début 1ere tranche : 120 logements, 1 pavillon, 10 boutiques.
Novembre 1949 : fin 1ere tranche : 144 logements, 1 pavillon, 10 boutiques.
Octobre 1950 ou mars 1952 : début 2e tranche : 120 logements
Avril 1954 : fin 2nde tranche

Description :
264 logements (132 de 3 pièces et 132 de 4 pièces), 10 boutiques et 1 pavillon individuel de 5 pièces.
Matériaux : système poteaux poutres en béton. Couverture : toit-terrasse.
Villes proches:
Coordonnées :   48°56'24"N   2°21'41"E
Cet article a été modifié il y a 3 ans