Halle ancienne centrale thermique (Saint-Denis)

France / Ile-de-France / LIle-Saint-Denis / Saint-Denis
 friche industrielle  Ajoutez un catégorie
 Télécharger une photo

Le bâtiment, ancienne centrale thermique, aujourd’hui intégré à l’emprise d’un foyer des travailleurs migrants, constitue le dernier vestige de la peausserie Combe & fils. Implanté en 1879, cet établissement, représentatif d’un secteur d’activité ancrée de longue date à Saint-Denis, était considéré comme le plus important de la ville.

Spécialisée dans la mégisserie et la teinturerie des peaux de chevreaux, veaux, poulains, et moutons pour la chaussure fine, l’entreprise fut la première en France à adopter le tannage au chrome en substitution de l’ancien tannage à l’alun. Le procédé importé des États-Unis en 1899 permit à la maison Combe de maintenir sa primauté industrielle et d’étendre considérablement ses installations. L’usine placée à l’origine en bord de Seine, dans un secteur marqué par l’industrie chimique grande utilisatrice d’eau, fut amplement remaniée durant les premières années du XXe siècle. L’emprise s’étendit de part et d’autre de l’actuelle place Jean Poulmarch, puis, de l’autre côté de la rue Charles Michel, sur un vaste terrain raccordé au chemin de fer du Nord pour former un ensemble de plus de 4,5 ha.
Cette expansion s’accompagne d’un doublement des effectifs qui atteignent plus de 2 000 ouvriers, pour une production quotidienne de 2 000 douzaines de peaux noires et couleurs en s’appuyant sur une force motrice de 2 000 chevaux vapeur. L’entreprise qui possède d’autres établissements à Annonay, berceau historique de la maison, Lagny et Villeneuve-la-Garenne ouvre à la même époque des filiales à Barcelone (1911) et Buenos Aires (1912) ainsi qu’une importante succursale à Londres.
Après la période d’euphorie des années 1920-30, l’entreprise subit au lendemain de la Seconde Guerre mondiale une vive concurrence étrangère. Le déclin inexorable s’achève par la fermeture du site dionysien en 1965 et le transfert de ses activités ainsi qu’une partie des 360 ouvriers à Annonay. Repris par plusieurs entreprises dont la Diac, filiale de Renault pour la diffusion automobile, et les cars Pullman, le site a dès lors profondément muté. Dans les années 2000, la quasi totalité a été détruite pour permettre la construction d’un foyers de travailleurs, un immeuble de bureaux ou des aires de stationnement pour cars.

La centrale thermique, dernier bâtiment en place de la peausserie, témoigne de la réussite passée de cet établissement. Construite à la fin du XIXe siècle pour alimenter les installations mécaniques, les séchoirs à peaux et autres appareils de chauffage, elle présente un dessin et une mise en œuvre soignés, symbolisant la puissance et la modernité de l’usine. La structure? particulièrement massive se compose de pièces métalliques rivetées laissées apparentes en façade, et agrémentées d’éléments décoratifs : doubles consoles en volutes et rosettes métalliques. A l’intérieur, le sentiment de massivité est aussi prégnant. La charpente est constituée de six fermes cintrées, assemblées par rivetage de fers laminés, dimensionnées pour contenir les vibrations de machines à vapeur.
Une partie en sous pente, faisant originellement la jonction avec l’atelier à étage, est percée d’arcs en plein-cintre en métal qui répondent aux ouvertures en anses de panier des façades sud et est. Visibles depuis les cours de l’établissement, ces deux façades présentent des décors de briques vernissées en partie haute. Caractéristiques de l’ornementation de brique, ces formes géométriques se retrouvent à l’intérieur de la halle, de manière plus abondante, sur le revêtement en faïence de type Boulenger. Ces motifs, ainsi que le dessin des baies, très proches des autres ateliers construits vers 1900 le long de la rue Charles Michels, permettent de rattacher ce bâtiment à une des périodes de modernisation de l’établissement
Villes proches:
Coordonnées :   48°55'55"N   2°20'32"E
Cet article a été modifié il y a 4 ans