Cathédrale Saint-Nicolas (Fribourg)

Switzerland / Freiburg / Fribourg
 cathédrale, église catholique

Cathédrale gothique de Fribourg XIIIe-XVIIe siècle

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Coordonnées :   46°48'22"N   7°9'47"E

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  • Cathédrale St-Nicolas de Fribourg (Suisse) Elle est pétrie dans la molasse, Sandstein. Éminemment friable, elle émerge de la Sarine et devient tête de pont du Saint-Empire face à la Savoie, à la faille des mondes latin et germanique. Elle n’est ni la plus haute, ni la plus vaste, non. Église paroissiale, elle affiche néanmoins d’emblée une ambition supérieure. Une bulle du pape Jules II, le mécène de Michel-Ange, la nomme collégiale en 1512. À l’instar de St-Denis à Paris, l’église de sable est promue cathédrale au XXe siècle. Elle est née en Nuithonie, un petit pays où nul n’est prophète, où l’on coupe les têtes de ceux qui prétendent prendre langue avec les anges. Ses géniteurs sont gothiques, son adolescence avoue des influences baroques. Des vertiges nouveaux la courtisent. Elle est métisse, elle est naïade à l’étrange beauté. Enfant naturelle de l’art européen ? Sous le patronage d’un émigré turc, saint Nicolas de Myre, elle sort d’un moule presque contemporain à ses sœurs de Strasbourg, Paris et Fribourg-en-Brisgau. Jordil, l’architecte de sa tour, a des racines genevoises, les stucateurs Moosbrugger et leurs autels sont autrichiens mais d’inspiration italienne ; le Klimt polonais Mehoffer vient de Cracovie et ses verriers, d’Allemagne. Son bouillonnant prédicateur Peter Kanis (saint Pierre Canisius) est d’origine hollandaise, ses stalles sont dites savoyardes et certains vitraux plus récents ont été conçus par le Français Manessier. Épargnée par la foudre, la cathédrale n’a, hors son trésor, jamais été pillée par les affres d’une Révolution, ni épurée par la Réforme. Ainsi, en une gestation séculaire, elle a colligé le génie d’architectes, artistes, sculpteurs et peintres ainsi que le talent artisanal de compagnons issus d’une grande Europe. Fribourg est ville éternelle que les accidents du relief, les escarpements, les rochers obligeaient à l’audace. Que les rêves travaillés et une foi tenace ont modelée pour en faire, au long des siècles, une forteresse imprenable, indestructible, qui atteint au spirituel. Il y règne parfois une appétence de grandeur à la verticale des contraires. Sédentaire, souvent léthargique, la voilà qui pétrit l’alchimie de ses mystères, secoue ses torpeurs, quémande son hostie et dresse ses vertiges en la cathédrale Saint-Nicolas, sa plus insolente dissertation de pierres . Bien que ses références se veulent exactes, notre texte n’est ni un essai scientifique, ni une analyse architecturale. L’émotion subjective, la légende et la tendresse d’un sourire parfois acidulé caressent la page. Ces lignes apocryphes ne seront guère reconnues par les clercs et docteurs de l’Histoire. Nous seront-elles pardonnées ? Entre nous, elles sont avant tout poème, c'est-à-dire très humble prière. in : Mystères de cathédrale St-Nicolas de Fribourg, de Claude Luezior, photographies de Jacques Thévoz, éd. Bibliothèque Cantonale et Universitaire, Fribourg, 2016
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